S’élevant du cœur de la Rome éternelle
Au milieu de l’immense Piazza Colonna de Rome se dresse un témoignage imposant de la gloire antique : l’énigmatique colonne de Marc Aurèle et Faustine. Érigée par Commode vers 180 après J.-C., cette structure monumentale rend hommage à ses parents vénérés, s’inspirant de la célèbre colonne Trajane. Finement sculpté avec des descriptions vives des campagnes militaires triomphantes de l’empereur contre les Quadi le long du Danube, les 39 mètres de grandeur visible de la colonne cachent 7 mètres supplémentaires de sa structure de base, en attente d’excavation.
Un escalier en spirale vers le passé
À l’intérieur du noyau creux de la colonne se trouve un escalier en colimaçon ingénieusement conçu, donnant accès à une plate-forme d’observation supérieure. Bien que la porte du côté de la Via del Corso soit actuellement fermée au public, les historiens pensent qu’un ancien temple dédié à l’empereur déifié et à son impératrice honorait autrefois les environs, renforçant encore l’importance du site.
Une toile de conquêtes et d’art
Contes en spirale sur la guerre et la logistique
La colonne dorique est dotée de 21 spirales, mesurant chacune 130 centimètres de hauteur, ornées de sculptures en relief complexes. Ces descriptions vivantes relatent les campagnes militaires menées par Marc Aurèle, depuis les rencontres avec les Marcomans en 172-173 de notre ère jusqu’aux conflits avec les Sarmates en 174-175 de notre ère. Entre les scènes intenses du champ de bataille, on aperçoit des aperçus des prouesses logistiques et d’ingénierie qui caractérisaient la guerre romaine, notamment des troupes traversant des ponts flottants.
Une fusion de styles artistiques
Les sculptures en relief illustrent le style caractéristique qui allait dominer la sculpture de l’Antiquité tardive. Des vues frontales et des proportions déformées, avec des têtes plus grandes et des corps allongés ou raccourcis, soulignent les traits minimisés du visage. Des moulages en plâtre de ces remarquables reliefs peuvent être trouvés au Musée de la Civilisation romaine à Rome, offrant un aperçu de la maîtrise artistique de l’époque.
Un monument patiné par le temps et les interventions
Les ravages de la nature et l’intervention humaine
Au fil des siècles, la colonne a subi les ravages du temps et les caprices changeants de l’humanité. Le haut relief des scènes sculptées les rendait plus sensibles aux intempéries, tandis que les coups de foudre et les tremblements de terre compromettaient encore davantage l’intégrité de la structure. Au Moyen Âge, le retrait des précieuses broches qui maintenaient les tambours de la colonne en place provoquait des décalages importants dans son alignement.
Restauration et reconfiguration
La restauration du pape Sixte V en 1589 a vu la reconfiguration du piédestal pour s’adapter aux changements au niveau du sol, et la mise en place d’une statue en bronze de Saint Paul au sommet de la colonne. Cependant, les sculptures représentant des barbares conquis et des vainqueurs, qui se projetaient à l’origine hors de la colonne, ont été complètement supprimées. Ces modifications, ainsi que les réparations apportées aux zones endommagées à l’aide de marbre gris proconnésien, constituent des rappels visibles de l’état durable mais altéré de la colonne, un témoignage du militarisme romain et de la vanité des efforts humains.