Le 14 juillet 1953, un drame oublié s’est joué sous le ciel pluvieux de Paris, transformant ce jour de fête en journée de honte nationale. En marge du défilé militaire, des milliers de manifestants se sont rassemblés pour protester contre la répression, mais la situation a rapidement dégénéré. Des militants algériens du MTLD, en lutte pour l’indépendance de leur pays colonisé, ont rejoint des syndicalistes sur la place de la Nation, créant une tension palpable.
À 16h, alors que la pluie tombait à torrents, une provocation des parachutistes de retour d’Indochine a mis le feu aux poudres. La police, au lieu de maintenir l’ordre, a ouvert le feu sur la foule sans sommation, faisant sept morts, dont six jeunes Algériens, tous âgés de 20 à 32 ans, et un Français, Maurice Lurau, père de famille et membre du Parti communiste. Un bilan tragique qui a laissé des dizaines de blessés, certains craignant d’aller à l’hôpital pour éviter l’arrestation.
Le lendemain, l’Humanité consacrait sa une à ce massacre, exigeant justice et accountability. Mais l’État a choisi l’oubli, étouffant l’affaire et laissant les responsables, notamment Maurice Papon, sans poursuites. Ce n’est qu’aux années 2000 qu’une plaque commémorative a été installée, mais pour beaucoup, les souvenirs restent douloureux. Chaque 14 juillet, les descendants des victimes rappellent ce drame, témoignant d’une mémoire collective toujours vivante, mais souvent négligée.
Alors que la France célèbre sa fête nationale, ces événements tragiques nous interrogent : comment honorer la liberté tout en restant sourd aux injustices du passé ? Le 14 juillet, jour de fête ou de honte nationale ? La question demeure brûlante.